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« … car l’existence n’a guère d’intérêt que dans les journées où la poussière des réalités est mêlée de sable magique… »

Marcel Proust 

 

 

 

« Les aborigènes, une réelle "aristocratie intellectuelle".»

Claude Lévi-Strauss

 

 

 

« Cette peinture nous plonge aux sources mêmes de l’écriture. Ces pictogrammes sont des concepts de métamorphoses cosmiques. »

André Breton

LA FORME ET LE FOND

 

S’il ne fallait dire qu’une seule chose de ce roman, c’est qu’il est écrit. Bien écrit. Avec des partis pris.

L’auteur aime les mots et nous le rend bien. Il joue à cache-cache avec eux (et leurs musiques). À tel point qu’il nous en invente, il joue avec « ses » mots et partage cette jubilation avec le lecteur. Il déambule, fildefériste, en marge de la norme, sur le marché parallèle de la langue française, toujours prêt à dynamiter les vocables qui parfois volent en éclats. L’on pourrait penser que ces inventions verbales demanderaient au lecteur un effort supplémentaire, un effort de trop, mais il n’en est rien : la phrase s’impose, alerte, on la suit, on lui fait confiance, d’autres étapes syntaxiques, poétiques et géographiques se profilent déjà, le road-movie en terres australes peut continuer… Le roman nous tient en haleine tout du long, il surprend par sa créativité, laquelle surgit là où on ne l’attend pas forcément. Le prochain chapitre, nous le comprenons vite, se déroulera ailleurs…

Ailleurs ?

 

 

Où sommes-nous au juste ? Chez les aborigènes d’Australie ? Oui. En France ? Oui. En plein désert ocre rouge, en plein « Temps des Rêves », en pleine ville aussi ? En allers-retours successifs entre l’espace et le temps puisque les aborigènes d’Australie - le peuple le plus ancien de la planète aujourd’hui vivant - associent depuis toujours passé, présent et avenir ? Oui, c’est bien de cela dont il est également question dans ce roman : quels sont nos repères, quel est notre rapport au temps, pourquoi ce besoin de revenir aux sources, que désirons-nous vraiment pour nous-mêmes ? …

Pour les aborigènes, la pratique quotidienne des arts est essentielle depuis « les temps immémoriaux ». Par exemple, ils peignent avec une modernité plus qu’étonnante, et ce sens de l’abstraction à capter, qu’ils expriment par la peinture notamment, fait partie du fond du roman : pour faire bref, peindre juste, c’est penser juste. Vivre juste. Les aborigènes sont à la recherche permanente de la notion d’équilibre, d’harmonie, en lien étroit avec la nature, les uns avec les autres et non les uns contre les autres…

 

Des situations cocasses, des gens bizarroïdes, des lieux énigmatiques, le tout mixé au service de la quête des protagonistes : ces derniers sont portés par une histoire qui les rassemble progressivement… et soudain les dépasse, les oblige à se ressaisir, chacun à sa façon, pour des raisons de vie diverses, des vies à améliorer pour certains, à reconstruire ou repenser pour d’autres. 

Une occasion inattendue arrive à point nommé : les alentours proches du village aborigène où vit Mike - le demi-frère d’Alex ? - sont annexés par une compagnie minière de la région qui a pignon sur bush. Mais cela est contraire aux usages et croyances aborigènes. Pour eux, ces lieux-ci, précisément, sont sacrés, habités par leurs ancêtres ; ils communiquent avec eux, il ne peut être question de dénaturer ce sol magique. Le patron de la compagnie n’en a que faire, il met tout en œuvre pour forer au plus vite sur ces terres, la belle quantité d’opale qui réside dans le sous-sol étant pour lui synonyme de belle rentabilité… Mais les principaux acteurs vont faire bloc et prendre fait et cause pour les aborigènes. Ils vont défier l’injustice qui bafoue le village. En somme, la guerre est déclarée.

 

Nous découvrons alors un monde mystérieux, contes aborigènes ancestraux magnifiques à l’appui, un univers quasi surréaliste, irrationnel, passionnant et méconnu, celui des aborigènes et de leur rapport au monde…

 

 

MAIS ENCORE ?

L’auteur a toujours “vu” son roman.
Avant de l’écrire, en l’écrivant. Vu en images. Fixes ou animées. Raison pour laquelle il a aussi réalisé, en parallèle, un livret « images et texte » (voir ci-dessous), à base de photos à même d’éclairer son roman, d’illustrer son propos. Rien d’exclusif, rien d’enfermant, bien au contraire ; il propose simplement des repères visuels, puisant dans différents registres, mais avec un même fil conducteur, celui de la poétique aborigène et des échappées qu’elle offre, à chacun…

 

PS : ce roman, on peut aussi le siroter à petites gorgées. Pour peu que l’on soit amateur de musique rock, ces pages étranges et magiques offrent la possibilité de réentendre, entre deux symphonies de didgeridoos, la discographie des Angels, Inxs, Rose Tattoo , Men at work, Midnight Oil, ACDC, The Shins, Nick Cave, etc.

 

 

 

 

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